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1. Maïs : l'eau, premier facteur limitan 1. Maïs : l'eau, premier facteur limitant

Selon Arvalis, le potentiel de rendement devrait atteindre 110-115 q/ha. Il existe encore d'importantes marges de progrès.

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Environ 105 q/ha, c'est l'estimation du rendement moyen français du maïs, selon Arvalis, pour 2011. Pourtant, pour Jean-Paul Renoux, responsable maïs, ce chiffre représente une bonne performance sans pour autant être exceptionnel. Dans les essais de l'institut, les résultats s'étalent de 160 à 180 q/ha du nord au sud de la France, sans contraintes. Certaines moyennes d'exploitations ont tout de même atteint 140 q/ha. Le spécialiste estime que le potentiel de rendement devrait plutôt s'approcher de 110-115 q/ha. Tout au long de l'itinéraire, des progrès sont donc encore réalisables.

IMPLANTATION. Gare aux sous-densités. « Nous avons réussi à faire évoluer les habitudes des agriculteurs, qui ont pris conscience du changement climatique et ont fini par prendre le train du semis précoce, informe Jean-Paul Renoux. Les exploitants ont aussi fait varier les précocités des variétés. » Deux millions d'hectares ont été semés avant le 20 avril. Il n'est plus nécessaire d'avancer davantage les dates de semis, les variétés actuellement sur le marché n'étant pas encore assez résistantes au froid. D'ailleurs, c'est bien par crainte du gel que les exploitants situés plus à l'est du territoire, et soumis au climat continental, ne sèment pas plus tôt.

Les maïsiculteurs apportent un soin tout particulier à l'implantation et le glissement vers des variétés plus tardives (avec plus de feuilles) s'accompagne naturellement d'une baisse de densité, pour mieux capter la lumière. Toutefois, au regard des ventes de semences, il semble que, dans le Sud, il y ait des cas de sous-peuplement, certainement parce que les agriculteurs redoutent la contrainte hydrique. Mais, selon Arvalis, les sous-densités se traduiraient par des pertes de revenu si les prix sont bas et les conditions climatiques limitantes.

EAU. Fort impact sur la production. Le problème numéro un qui pèse sur la culture est sans aucun doute celui du manque d'eau. En effet, cette plante en C4 n'est pas sensible au réchauffement climatique mais au stress hydrique. Ces dernières années, la pluie a souvent été moins bien répartie au cours du cycle. Il faut aussi garder à l'esprit qu'en conditions sèches, le rendement moyen avoisine plutôt 90 q/ha.

En 2011, 1,5 million d'hectares, dont 300 000 ha de maïs grain irrigués, ont été sous contrainte climatique ou réglementaire. « En période d'étiage, des arrêtés départementaux limitent les prélèvements d'eau et finissent souvent par des interdictions totales d'irrigation. Avec le changement climatique, nous aurions besoin de stocker l'eau, mais ce dossier est devenu très politique et les projets de retenues d'eau stagnent », explique Céline Duroc, directrice adjointe de l'AGPM.

De leur côté, les semenciers travaillent sur la tolérance des variétés à la sécheresse. « Il y a déjà des progrès visibles comparés à il y a une vingtaine d'années car le maïs peut maintenant attendre le retour des pluies et repartir fin août », ajoute Jean-Paul Renoux. L'avenir des surfaces de maïs dans le Sud sera donc fonction du progrès génétique. En revanche, au nord de la Loire, tous les compteurs sont au vert. Avec le réchauffement climatique et la pluie, alliés à des variétés plus tardives, les maïs valorisent déjà mieux le rayonnement. Cette céréale devient donc plus compétitive puisque les frais de séchage diminuent.

L'autre axe de recherche se situe autour du pilotage de l'irrigation. L'apport moyen est de 1 500 m3 par campagne, soit moins de la moitié des besoins. Il faut donc rechercher une efficience maximale. Si les exploitants ont aujourd'hui investi dans des outils d'aide à la décision comme Irrinov proposé par Arvalis, ou consultent des avertissements « irrigation », il reste encore à développer des modèles plus personnalisés à la parcelle.

RAVAGEURS. Progrès possibles sur foreurs. Près d'un hectare sur deux de jeunes maïs ont été protégés contre les ravageurs du sol, notamment avec le traitement de semences Cruiser 350. « Nous sommes revenus à un niveau de protection proche des années quatre-vingt-dix, toutefois il faudrait avoir accès à d'autres spécialités », note Jean-Baptiste Thibord, d'Arvalis. Deux insecticides en cours d'évaluation (à base de thiaclopride et clothianidine) pourraient bientôt s'ajouter à l'offre.

La nuisibilité des insectes foreurs tels que la pyrale et la sésamie est en moyenne de 4 à 5 % par larve présente par pied et augmente avec le stress hydrique. Arvalis estime qu'une marge de progrès est encore réalisable sur ces insectes. La lutte n'est en effet pas toujours bien conduite, notamment sur les deuxièmes générations, qui nécessitent de passer après le stade LPT (limite passage du tracteur) alors qu'en maïs « conso », les agriculteurs sont rarement équipés en enjambeurs. « Une autre voie de progrès existe sur la pratique de broyage des cannes, ajoute Jean-Baptiste Thibord. Pour une meilleure efficacité contre les foreurs, cette pratique devrait être réalisée plus rapidement et en dessouchant les pieds de maïs. »

DÉSHERBAGE. Plus complexe mais pas insurmontable. Les semis plus précoces conduisent à une installation plus lente des maïs de petits gabarits et donc à une sensibilité accrue aux mauvaises herbes, ces dernières interceptant plus longtemps la lumière dans l'interrang. Cette pratique complexifie aussi la fl ore puisque désormais s'ajoutent aux traditionnelles morelles, chénopodes... des plantes plus printanières comme les renouées ou les véroniques. Il pourrait aussi y avoir une dynamique de levée différente des mauvaises herbes classiques compte tenu du changement climatique. Il faut désormais être très réactif car, en fonction du parcellaire, il est parfois difficile de passer à temps et dans les conditions optimales. Les mauvaises herbes peuvent croîtrent d'une feuille par jour au printemps.

« Les agriculteurs ont heureusement à leur disposition une diversité de produits et de modes d'action intéressants pour contrôler la flore adventice, appuie Valérie Bibard, spécialiste désherbage maïs chez Arvalis. S'il y a en moyenne 1,5 traitement herbicide par campagne, à l'avenir, pour venir à bout des mauvaises herbes, il faudra peut-être multiplier les passages. »

Une réflexion est en cours sur les vivaces car l'utilisation de dérivés auxiniques ne cesse d'augmenter alors que, parallèlement, les populations de ce type d'adventices, et notamment le liseron, posent problème. D'autres travaux se concentrent sur la diminution de l'interrang (peut-être à 50-60 cm) pour mieux contrôler les mauvaises herbes en cas de semis précoce. Jean-Paul Renoux assure : « Ce pourrait être le meilleur des désherbants. »

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